La Chandeleur

La Chandeleur est une fête qui a lieu le 2 février.

Chez moi, c’est une évidence : à la Chandeleur, on mange des crêpes!

Mais à vrai dire je ne m’étais jamais vraiment penchée plus que cela sur sa signification. Cette fête est associée à la présentation de l’enfant Jésus au Temple et à la purification de la vierge Marie (ou Relevailles : une nouvelle accouchée juive devait, 40 jours après la naissance, présenter son nouveau-né au Temple et y offrir un sacrifice). Autrefois elle était soulignée par des processions où les fidèles portaient des cierges bénits allumés (ils les rapportaient ensuite chez eux, le cierge apportant protection et prospérité à la maisonnée et aux moissons pour l’année à venir). D’où son nom de “fête des chandelles” ou Chandeleur. Ce n’est cependant pas une fête “officielle” de l’Église, n’étant pas inscrite au calendrier liturgique.

Ceci n’empêche pas qu’à Marseille par exemple (grand port du sud de la France), au jour de la Chandeleur l’archevêque bénisse la ville, célèbre une grande messe et qu’un pèlerinage aux chandelles soit organisé jusqu’à la basilique St Victor. Mais plus intéressant pour nous autres apprentis-pâtissiers, l’archevêque bénit également le four à “navettes”, vieux four en terre cuite du 18ème siècle, en présence du Maire de la ville et de ses notables et du boulanger-pâtissier bien-sûr! Les navettes étant des biscuits, qui étaient bénits et vendus à la sortie de l’église,et qui sont toujours fabriqués depuis 1781 dans la même boulangerie selon une recette tenue secrête. Ces biscuits (en forme de navette de tisserands ou de petits navires ?) étaient et sont encore à Marseille symbole de la Chandeleur.

Comme la plupart des fêtes chrétiennes, elle recouvre des fêtes plus anciennes. Chez les romains, on fêtait Lupercus, dieu de la fécondité et des troupeaux à la mi-février. Chez les celtes, la fête d’imbolc, le 1er février, célébrait la purification et la fertilité au sortir de l’hiver par des processions dans les champs avec des flambeaux.  La Chandeleur se situe exactement entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps : “à la Chandeleur le jour croît de deux heures”, n’avez-vous pas remarqué qu’il fait jour plus tôt et nuit plus tard ?

La Chandeleur c’était le moment des semailles d’hiver et on invoquait la clémence de cieux afin de les protéger et que les récoltes d’été soient bonnes. Ce qui explique les nombreux dictons météorologiques liés à cette fête : “rosée à la Chandeleur, Hiver à sa dernière heure”, “à la Chandeleur l’hiver s’apaise ou reprend vigueur”. D’ailleurs en Amérique du Nord, le 2 février est “le jour de la marmotte” (à voir, le film : "un jour sans fin"!). Au Brésil, où c’est pourtant l’été, le 2 février est la fête de Iemanjà, déesse de la mer. Les “mères de saints” du Candomblé (rite afro-brésilien) partent en procession sur des barques de pêcheurs, et lancent à la mer leurs offrandes (souvent des fleurs blanches). Si les offrandes partent au large et coulent, les vœux seront exaucés et la pêche sera bonne pour l’année à venir, si la marée les ramène vers le rivage ...

Les crêpes et les beignets (la pâte est très semblable) sont les plus anciens gâteaux de fête que les hommes aient confectionnés.  “Faire sauter une crêpe de la main droite tout en tenant un sous dans la main gauche, apportera la prospérité pour l’année à venir “ (si on réussi à bien la retourner dans la poële, ce qui n’est pas évident!). La forme ronde et dorée des crêpes (ou des beignets confectionnés dans le sud de la France) symboliserait  le disque solaire et le retour de la lumière après l’hiver.

Alors demain, pour fêter le renouveau, la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la vie à l’abri sous la neige, ou simplement la gourmandise : Mangez des crêpes !

Anlor

P.S. : et la marmotte ? sortira, sortira pas ?

Sources (disponibles à la médiathèque) :
-Maguelonne Toussaint-Samat : la très belle et très exquise histoire des gâteaux et des friandises - Flammarion.
-Annie Perrier-Robert : Les biscuits - Chêne.
-Wikipédia